23 – Arlequin et le paysage

Vous vous êtes déjà habillés en Arlequin, vous savez ce drôle couvert de losanges de toutes les couleurs ? …. Oui, oui ; vous  vous êtes déguisés une fois. A Mardi Gras. …  D’accord. Mais je demandais si vous vous étiez déjà habillés en Arlequin. Je veux dire pour aller au boulot, faire les courses  au Leclerc ; habillés, quoi ; le dimanche pour la messe,  le lundi, … tous les jours ! … Comment ça, je perds la tête ? Ah oui, Arlequin, c’est seulement pour se déguiser !

Eh oui, à Mardi Gras, tout est permis, rien n’est sérieux ! On bricole un costume, d’Arlequin ou autre : un jupon récupéré, une veste rapiécée, on ajoute une fleur ici, un châle là. La jupe est à pois rouges, le bonnet vert pomme, le châle à carreaux : peu importe, l’essentiel est de se déguiser. Et de s’amuser.

Pourquoi je posais la question ? C’est assez simple : parce que certains villages – que je prenne la route de Nancy, d’Epinal ou de Vaucouleurs – ont choisi de faire l’Arlequin et le Carnaval tous les jours, avec des enduits rose pâte d’amande, jaune bouton d’or, bleu dragée, vert d’eau, ….

Quand je suis en Suède, je suis en Suède. Et j’y apprécie l’exotisme des  maisons en bois colorées qui y font le charme des banlieues. Mais quand je suis en Lorraine, je veux être en Lorraine, pas dans un mauvais pastiche de la Suède ou d’ailleurs. Cette nouvelle mode d’enduits colorés ? Arlequin. Des déguisements qui  dénaturent les ensembles cohérents de maisons lorraines, ces maisons dont les enduits avaient la couleur du terroir dont ils provenaient, comme les bons fromages ou les bons vins.

On juxtapose les couleurs au petit bonheur la chance. Arlequin le bouffon. A Carnaval, transgresser les codes  et le bon goût est toléré parce que ça ne dure pas. Pas tous les jours. Pas des années. Pas des dizaines d’années.

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